Sunday, June 29, 2008

Conséquences de la crise financière américaine sur l’économie haïtienne

Nous publions ici la première partie d’une série d’articles présentant les impacts de la crise financière aux Etats-Unis sur l’économie haitienne. Nous espérons que cette série saura initier le débat tant nécessaire sur une réelle prise en charge des destins économiques d’Haiti. Nous espérons lire vos réactions et commentaires éclairés qui permettront, en retour, d’enrichir les analyses à venir. Bonne Lecture.

HO

Par Lansy Sanon, M.Sc. Finances
Paris Dauphine


Je ne sais plus où ai-je lu que : rien n’est bon , ni mauvais, cette paraphrase est transposable a bien des sujets y compris celui de la globalisation financière. Aussi comprend on toute la divergence d’opinions qui gravitent autour de ce concept :tantôt loué comme source d’amélioration du PIB et du bien être mondial , tantôt dénoncé comme facteur d’accroissement de chômage…..toutefois , les protagonistes sont forcés de s’entendre sur le fait que cette globalisation financière bonne et/ou mauvaise a sa particularité dans l’interdépendance des acteurs économiques et le décloisonnement des marchés financiers dit autrement : il suffit qu’un des acteurs de cette fameuse globalisation soit confrontée a une crise pour que les autres soient menacés et se retrouvent face aux incidences plus ou moins graves de la dite crise.

L’exemple le plus récent date de 2007 , les Etats-Unis l’avouent enfin : ils sont en pleine crise économique ! Une situation découlant directement de la fin de la bulle immobilière en 2006 : les banques et les établissements financiers s’en remettent difficilement, le système financier est en alerte et on tente l’impossible afin d’injecter de la liquidité sur le marché et restituer un climat de confiance qui permettrait un retour à la normale mais le mal est fait, la première puissance mondiale est en difficulté et on ne peut qu’assister à cette vague de panique qui, comme l’exige la globalisation économique, se diffuse partout ailleurs avec des caractéristiques et des incidences différentes; et malgré une implication très faible ou quasiment inexistante sur les marchés financiers, l’économie haïtienne a elle aussi du subir les conséquences de la crise économique américaine, quelles sont donc ces conséquences?

L’économie haïtienne est largement dépendante des investissements qui proviennent de l’étranger, ces investissements stimulent les activités, les créations ou tout simplement le maintien des emplois or, la crise américaine pour être endiguée exige beaucoup de liquidité cette action palliative a donc comme conséquence première la diminution du budget pour l’aide au développement dans les pays en voie de développement ou sous développés ,comme Haïti. D’un autre côté, les flux en circulation en Haïti proviennent en grande partie de la diaspora , cette dernière est en moyenne composée de personnes possédant des biens immobiliers ou ayant tout simplement un bien hypothéqué, de ce fait cette diaspora est aux premières loges aux états unis, victime de la hausse des produits alimentaires, du prix de l’essence et de la perte de valeur de son patrimoine et de cette soudaine recrudescence du chômage aux etats unis, aussi comprend on sans peine cette nette diminution des transferts d’argent; la situation est donc au plus mal pour l’économie haïtienne dont la plus grande activité est stimulée par des aides étrangères pour l’instant réduites, et par des liquidités en provenance de l’étranger qui eux aussi décroissent.

Par ailleurs, les besoins de la population haïtienne sont de plus en plus grandes en céréales, notamment en riz considéré comme le plat principal dans ce pays , c’est évident étant donne la vitesse a laquelle la population haïtienne croît , mais voila, on produit de moins en moins pour des besoins sans cesse en augmentation et ceci dans un contexte d’envolée du prix des céréales concrètement la production en riz passe de 100000 tonnes métriques en 2006 à 90000 tonnes métriques en 2007 et les importations, quoique pesant plus fort dans la balance commerciale, ne sont plus qu’à 251 100 tonnes métriques contre 427 500 tonnes métriques en 2006 cette crise dépasse alors le simple cadre économique et prend des allures socio-politiques.

En outre, les faillites et les difficultés financières relatives a la crise économique américaine ont crée une méfiance sur le marché et la prise de risque est de ce fait automatiquement très faible, on s’interroge sur l’envolée des matières premières et la dénouement de cette crise, les investisseurs hésitent donc a prendre des risques cela prévaut pour les états- unis mais aussi et surtout pour les pays en voie de développement comme Haïti qui allie a son instabilité politique de très faibles ressources disponibles; nous voila donc encore une fois dans cette position qu’on connait bien dans un cul de sac; cela dit il reste juste a espérer un climat plus confiant et un retour à la normale qui serait hautement profitable a l’économie haïtienne.